De Swift à Melville : littérature et existence

Pourquoi diable écrire ? Pourquoi certains d’entre nous font-ils ce choix bizarre de consacrer leur existence, parfois même de la sacrifier, à refléter ses vicissitudes dans le miroir d’une fiction ? L’auteur a cherché à mettre en lumière les origines de cette option à travers l’étude de quelques œuvres importantes de la littérature, appartenant pour la plupart au domaine anglo-saxon. Cette recherche l’a mené à des découvertes curieuses. Ainsi, pourquoi un vénérable ecclésiastique, le doyen Swift, s’est-il évertué avec furie à vilipender le sexe féminin et la condition humaine ? Comment des maux d’estomac calmés par la prise d’opium ont-ils pu donner essor à la fantastique imagination de Thomas de Quincey, pour ne donner que ces deux exemples. Sur un plan général, on s’aperçoit que ce choix, le primat accordé au récit, trouve le plus souvent sa source dans une péripétie mal vécue de la vie infantile. Comme le note Sartre dans L’Idiot de la Famille : « Le passé préhistorique revient sur l’enfant comme destin… C’est la source d’impossibilités permanentes et c’est aussi la matrice des inventions les plus singulières ».