Du levant au ponant, d’Occident en Orient, des années de voyages, d’enquêtes et de reportages sur les routes du monde et sur des sentiers moins battus — à la recherche d’une certaine vision des êtres et des choses, au-delà du reflet superficiel des rencontres hâtives, les sens en éveil pour saisir l’instant de franchir le seuil. D’une certaine Asie de rêve à une autre Amérique de mythe, la présence charnelle de la souffrance, de la peine des hommes, du mal-être et du mal de vivre. Et pourtant, en bout de souvenir, de ces longues randonnées demeurent des moments de rare intensité, des instants privilégiés qui, envers et contre tout, permettent de croire à la beauté d’un ciel, à la complicité d’un sourire, à la profondeur d’un silence partagé, à l’incandescence de la lumière. Des Andes à l’Himalaya — ou serait-ce de l’Himalaya aux Andes ? — des pierres et des êtres, des instants d’exception au quotidien, qui poussent les auteurs à persister à dire que voyager reste une école de vie sans pareille. Sans forfanterie ni lassitude, ce vagabondage, les pieds sur terre et, parfois, la tête dans les étoiles, est probablement le meilleur moyen d’apprendre que le voyageur doit frapper à toutes les portes avant de parvenir à la sienne. Car, selon Tagore, il faut avoir erré à travers tous les mondes extérieurs pour atteindre enfin au tabernacle très intime. Venir de loin pour aller loin, c’est aussi ouvrir lucidement les yeux sur un temps et un monde, les nôtres, et les accepter sans illusion pour ce qu’ils sont. Quitte à ne jamais vraiment s’en accommoder, ni à abandonner la route.