Le jardin des mangues : chronique d'un temps perdu

Quarante ans, quarante ans seulement qu’à Gardenia Mango, petite bourgade au bord du Fleuve, quelques Blancs vivaient parmi les Noirs sans palabres. Qui étaient-ils, que faisaient-ils, comment passaient-ils leurs jours et leurs nuits, que mangeaient-ils, étaient-ils heureux, comment s’entendaient-ils entre eux et avec les Africains ? Et quand vous aurez tourné la dernière page de ce livre, vous vous demanderez, comme Baudelaire, fallait-il partir ? Fallait-il rester chez soi ? Quarante ans c’était hier, avant-hier peut-être. C’est beaucoup dans la vie d’un homme, ce n’est rien aux yeux de l’Histoire. La preuve ? Ce vieux Monsieur encore en bon état de marche, qui pilote sa voiture et le cas échéant enfourche une moto, qui admire Rives dit Casque d’Or, qui aime les tubes des Beatles, qui a vu naître, comme vous, la télévision en couleur, les Boeing 747 et la pilule, cet homme qui pourrait être votre père ou votre grand-père, n’est pas un contemporain de Charlemagne ou de Pépin le Bref, ni même de Louis Pasteur, c’est le Docteur du Jardin des Mangues.