Inès a cette grâce émouvante et altière des jeunes filles andalouses : un port royal sous la mantille espagnole, des yeux superbes et un rire d’enfant. Dès qu’il la voit, si belle et si digne, parmi les filles d’honneur de Marie-Louise, reine d’Espagne, Victor, cavalier dans la garde impériale, s’en éprend. Inès lui semble un mirage impossible, hors d’atteinte. Elle est espagnole et lui, soldat de l’Empereur, représente pour elle l’envahisseur détesté. Elle appartient à la meilleure aristocratie, il n’est qu’un fils de paysan. Pourtant, Inès n’est pas insensible à la prestance au beau militaire qui la change agréablement de ces gentilshommes espagnols poudrés, pommadés et timorés. Tout les sépare et cependant, la passion va les réunir, car Inès aime Victor avec la fougue et la violence des femmes de son pays. Et ce sera elle qui bravera tout pour venir le rejoindre. Tandis que les armées de Napoléon déferlent sur l’Espagne, cet amour impossible, interdit, nous mène de Biarritz à Séville, dans une Espagne meurtrie par la guerre, assourdie par le fracas des batailles et le grondement des canons, où des villages miraculeusement préservés semblent autant d’oasis gorgées de soleil, le temps d’une halte amoureuse entre deux combats. Cet amour fou, irraisonné, tumultueux, grandi par les dangers et la peur, prend des allures d’épopée. L’auteur sait aussi rendre bizarrement familières et bien intégrer dans la trame du récit les grandes ombres de l’Histoire : Napoléon, bien sûr, mais aussi Soult, Murât, Charles IV, Marie-Louise et ce témoin privilégié que fut le peintre Goya. Un beau roman de guerre, de passion et de mort.