Blocage de l’alternance, retournement des alliances partisanes, montée d’une nouvelle génération d’hommes politiques... l’effervescence politique est à son comble. Cette agitation est la conséquence directe de la crise actuelle qui oblige à renouveler les analyses, alors même que la tradition politicienne interdit de répudier les anciennes croyances. Chaque camp tente de surmonter la difficulté par un recours massif à une pensée abstraite, gage de cohérence et de clairvoyance. Jamais, sans doute, pensée théorique et action politique n’ont été si étroitement imbriquées. Or, pour tous, la marge de manœuvre demeure étroite. Certes, les canevas théoriques se révèlent fort utiles pour masquer les incertitudes de l’heure. Mais en mettant à nu les contradictions de chacun, ils préparent déjà les prochaines lignes de fracture. Le recours systématique à la théorie a fait verser la politique française dans le « programmatisme ». Or, dans cet exercice, la gauche comme la droite ont connu de sérieux déboires. Aussi, certains s’emploient-ils à revenir au pragmatisme. Mais un pragmatisme nouvelle formule, qui sait ménager une juste place à la théorie. Un « pragmatisme systémique ».