« L’aéroport de Valence est plus petit, moins grouillant de gens pressés et plus sale que celui de Barcelone. Je cherche des yeux ce qui pourrait être une jeune Suisse d’environ vingt ans, avec l’espoir qu’elle n’est pas repartie hier chez elle parce que l’avion n’arrivait pas. Je vois plein de femmes en noir, avec des rides dans tous les sens sur leurs visages préoccupés. Je vois des couples surchargés d’enfants. Je vois des hommes seuls, visages fermés sans aucun sourire, ou en groupes exubérants. Elle est repartie à Javea. J’ai une envie folle de pleurer, de m’asseoir par terre, d’enlever mes chaussures, et d’oublier ma vie. Au moment où je vais le faire, je vois tout à coup une robe jaune, affreusement jaune, si jaune parmi toutes ces femmes en noir que c’est presque de la provocation. C’est une robe pauvre et étincelante, une robe qui crie : Regardez-moi ! Cette robe traverse la foule comme si celle-ci n’existait pas. C’est une robe seule au monde, elle s’approche de moi et la femme qui est dedans me dit : — Bonjour, je m’appelle Rocio. Avec un effort infini j’arrive à répondre : — Bonjour, je m’appelle Laurence. » Laurence, le personnage de L’Enfant des Terres Rouges, a 15 ans et toujours autant d’amour à donner, autant d’amour à attendre, autant d’espoir.