Les repères biographiques sont tels, dans « L’homme clandestin », que l’on pressent, dès les premières lignes du roman, que le narrateur emprunte beaucoup de ses traits à l’auteur. D’ailleurs - si le titre n’était déjà réservé - Théo Lésoualc’h aurait fort bien pu intituler son livre La mémoire et la mer tant les marées, qu’elles soient de vagues ou de souvenirs, baignent ce texte soutenu par une écriture haletante, épileptique même à certains moments. Théo Lésoualc’h plonge ses racines dans le lieu dans lequel il vit, écrit et rêve. Néanmoins, ce nomadisme affectif ne le coupe pas de la Bretagne de son enfance où il aimait à entendre les récits de marins. « C’était un monde où régnaient les morts », dit-il à propos du tribut que l’océan impose à ceux qui l’aiment d’un peu trop près. Théo Lésoualc’h évoque aussi dans son récit une ville désormais éteinte dans laquelle il se noyait avec délice. Ce Paris, au temps où on y parlait plus qu’on y achetait, il le fait revivre avec une émotion rare.