Il sera un prédateur et un créateur. Olivier va tenter d’échapper à la morale de ses parents, il va la laisser de côté, sous le coude ; il sait que plus tard il en aura besoin. Déjà très fort pour relier les idées entre elles, il se met à penser le monde en artiste du réel. Sa logique et son esprit critique le lancent à l’assaut de la forteresse argent en un calcul imparable. Le système qu’il vient de bâtir dans sa tête est d’une audace inouïe, d’une précision d’ajusteur. Il sait que plus loin, sans oublier aucun paramètre en route, ailleurs dans le raisonnement, et à l’endroit où il l’a prévu des mois à l’avance, c’est-à-dire quelque part dans l’âge adulte, il aura résolu son équation géniale. Olivier, le narrateur et le héros du livre, est à peine adolescent quand commence le récit, mais déjà il se heurte à l’inertie sociale : il a le pressentiment que son étoile est de la faire refluer mais qu’il y faudra l’énergie d’un géant. Or, il le sait à présent, il ne dépassera pas un mètre soixante-cinq. Il faudra donc qu’il compense, qu’il trouve ses points de repère, qu’il décide de sa vie par lui-même, qu’il soutienne seul son point de vue, qu’il garde pour lui sa stratégie diabolique… en attendant.