« S'enfermer dans son enclos et dans ses traditions, refuser l'audience aux « gens du dehors » et aux beaux parleurs, pratiquer la méfiance systématique, constante, universelle, envers les importants et ceux qui n'emploient plus les mots de la tribu, doctrine étroite, certes. Mais aussi, sans doute, peut-être, réflexe naturel chez un peuple coupé de ses racines et de ses sources, abandonné de son élite et confiné dans des limites exiguës, blessantes comme un soulier trop juste !Ce fut, en tout cas, la leçon de défense vitale que Tisje, du Wesquartier, héritier, à portion congrue, de Tyl le Vagabond du monde, donna aux siens, dans ses apologues sous le regard fixe du hibou taciturne.Tisje ne vivait point à l'âge des Croisades, ni à l'époque des cathédrales, mais sous le règne de la bourgeoisie "Louis-philipparde". Rien ne l'empêcha de lui dire son fait. Et si les contemporains et la postérité ont retenu, surtout, son humour caustique, quelque peu terre à terre, le franc-parler, à lui seul, rattrape parfois, d'un seul bond, les élans du lyrisme ».D'ailleurs, ses aventures et ses anecdotes, volant de bouche en bouche, furent amplifiées, déformées et enjolivées par ses contemporains eux-mêmes : ainsi naissent les légendes… et les géants.