La Question Créole est d’abord une étude sociohistorique de la société créole, dans sa formation guyanaise. Déterminée par l’histoire coloniale, mais aussi nourrie par une histoire interne spécifique, la Guyane se construit dans la succession de trois situations lourdes de conséquences : l’esclavage, l’orpaillage et la départementalisation. C’est le développement d’une longue crise, tantôt manifeste, tantôt latente, toujours présente et totale : à la fois économique, sociale et culturelle. L’individualisme en est la toile de fond : posé en réaction à la contrainte servile enfin abolie, un moment pondéré par des pratiques collectives bientôt perdues dans les remous de la ruée vers l’or, il devient vite la règle absolue. Il est repris par la départementalisation qui y trouve le support idéal aux modèles de compétition et de consommation qu’elle véhicule : le processus d’assimilation est enclenché. Mais la crise demeure, et l’assimilation peut aussi déboucher sur la revendication culturelle et la contestation politique. La Guyane est un cas limite qui éclaire la nature des rapports idéologiques entre sociétés développées et Tiers-Monde.