Imaginez une idée, une belle idée, une somptueuse idée : l’idée du grand départ, de la rupture définitive, du bond en avant qui vous arrachera au médiocre quotidien pour vous propulser dans un ailleurs délicieux. Imaginez cette idée vagabondant à Paris un matin de novembre à la recherche de la tête bien faite et bien pleine capable de l’accueillir, de la chérir, de la féconder et de la réaliser dans toutes ses glorieuses dimensions. Jean-Marie Gourio a suivi la malheureuse dans sa quête effrénée, son douloureux périple. De la ménagère au journaliste, de l’enfant au clochard, du chien au bossu, des piliers de bistrot au romancier, il ne nous laisse rien ignorer des pitoyables combats que les pauvres idées doivent mener pour trouver leur accomplissement dans les circonvolutions encombrées et boueuses de nos contemporains. Collaborateur du regretté Hara-Kiri, Jean-Marie Gourio a de l’humour, de la verve, une imagination féconde et ce franc désespoir dont savent se nourrir les véritables humoristes. Pour Jean-Marie Gourio, l’affaire est entendue : c’est bien parce que les idées ne changent pas les hommes que les hommes changent si souvent d’idées.