Après « La porte de la rivière », « Tirailleur algérien » et « Le temps des sirènes », Aimé Baldacci publie le tome IV de ses souvenirs. Muté fin 1943 aux Affaires Indigènes, l’auteur découvre Ouargla, dont la vie spirituelle s’organise autour de ses deux mosquées rivales et de la communauté des Pères blancs. La villa de fonctions, cachée dans les jardins de l’avenue Laperrine, enferme un petit éden de plantes exubérantes où roucoulent des pigeons et murmure l’eau dans les séguias, entre les mélias, les éthels, les ricins et les flamboyants, faisant oublier scorpions, tarentules, sauterelles et termites. Dans un territoire plus vaste que la France, l’Armée veille à la sécurité, au ravitaillement et à la santé des tribus. Œuvre captivante que d’aider, dans l’observance des coutumes locales, au bon déroulement de l’achaba des nomades ainsi qu’au mieux-être des haratins dans les palmeraies et les ksours. Des tournées automobiles parcourent les pistes de la hamada, du reg ou de l’erg jusqu’au Niger pour renforcer les liens du commandement avec les troupes isolées dont dépend la paix française. La rencontre d’un peloton méhariste qui nomadise, le cérémonial du thé au campement des Touaregs ou les bivouacs sous les étoiles sécrètent la séduction magique de l’appel du désert. La vie de garnison se déroule à travers les réceptions jusqu’à l’été torride qui chasse les familles, imposant aux hommes l’ennui de la solitude. Enfin, c’est l’annonce tant espérée de la paix, malheureusement endeuillée par les troubles du Constantinois. Les combattants revenus du front participent à la relève des réservistes qui repartent définitivement, emportant dans leur cœur la chaleur des amitiés sahariennes et le souvenir d’une aventure inoubliable.