Les sables du désert égyptien ont servi de toile de fond et de terrain d’essai à la première véritable opération de maintien de la paix entreprise par les Nations Unies. En 1956, le Conseil de sécurité, paralysé par le double veto franco-britannique et dépourvu des moyens d’action initialement prévus par la Charte, s’est vu dans l’incapacité de réagir à la crise du canal de Suez. Cet événement majeur allait durablement marquer les rapports internationaux. En tout premier lieu, il a constitué un puissant révélateur des carences du système mis en place par la Conférence de San Francisco et profondément bouleversé par l’avènement de la guerre froide. Mais, paradoxalement, cet événement offre aussi l’illustration la plus achevée de la souplesse intrinsèque du système onusien et des facultés d’adaptation dont il a su faire preuve en s’inventant un nouveau moyen d’intervention : la Force d’Urgence des Nations Unies (FUNU). Pour la première fois, des casques bleus s’interposaient entre les armées de deux États, favorisaient l’instauration d’un cessez-le-feu et garantissaient son maintien pendant plus de dix ans. Le retrait précipité de la Force en 1967, à la veille d’un nouvel embrasement de la région, contraint à nuancer un bilan forcément mitigé. Toutefois, la FUNU allait servir de modèle aux opérations ultérieures. Cette initiative, conçue en marge des dispositions de la Charte et de son chapitre VII, non seulement a permis d’imposer l’idée d’un nouveau moyen d’action en faveur du maintien de la paix à la disposition des Nations Unies, mais elle en a aussi fixé les principes directeurs, dans ce que l’on a appelé un chapitre VI bis. Cet ouvrage, tout en éclairant l’arrière-plan du conflit israélo-arabe depuis ses origines, propose une analyse complète de ce premier exemple d’emploi d’un nouvel outil appelé à un avenir brillant mais contrasté : les opérations de maintien de la paix.