Arrivée dans sa chambre, elle quitta son vêtement d’amazone avec volupté. Des brindilles de bruyère y étaient restées accrochées, et même un petit scarabée, une cétoine des bois aux reflets métalliques, qu’elle saisit délicatement et déposa sur une des roses de son vase bleu. Puis la fatigue de la chevauchée la saisit, et elle s’étendit sur son lit, en robe de chambre. D’abord, ce fut comme un étourdissement ; elle voyait les arbres, les chemins, les fossés, elle sentait encore l’étreinte de ses bras, tandis que le feuillage frémissait et que les joncs sifflaient. Elle se répétait : « J’ai un amant ! un amant ! » se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Si nous précisons que l’action se passe entre 1850 et 1855 dans la région de Rouen, que notre héroïne se prénomme Emma, son mari Charles, ses amants successifs Rodolphe, Léon, Justin, ce récit vous rappellera sans doute quelque chose. Et puis après ? Emma, oh ! Emma ! n’est ni un remake, ni même un pastiche de Madame Bovary mais un roman à part entière, très rose et très noir. C’est une tout autre version de ce classique que vous lirez ici.