La violation du droit international et du principe d’interdiction du recours à la force armée par l’Irak, qui est perçu à l’extérieur comme une puissance belliqueuse, menaçante et au comportement imprévisible, a donné lieu à une série de mesures coercitives. Le Conseil de sécurité a fait application du Chapitre VII de la Charte des Nations unies pour sanctionner l’agression de l’Irak contre le Koweït en décrétant un embargo sans précédent dans l’histoire de l’Organisation. Les sanctions ont incontestablement eu des répercussions néfastes sur la situation humanitaire en Irak. L’état nutritionnel de la population est alarmant : l’interruption des importations de nourriture a provoqué une pénurie généralisée. Des émeutes de faim se déclarent dans tout le pays. La crise de l’approvisionnement alimentaire est conjuguée à une situation sanitaire aiguë. L’adoption de la résolution 986 du Conseil de sécurité en avril 1995 constitue à cet égard une dérogation au régime des sanctions, car l’un de ses objectifs est de corriger certains des effets désastreux des dispositions adoptées et mises en œuvre à l’issue du conflit du Golfe. Il va sans dire que les effets de cet embargo ont réduit tout un peuple à une situation si dramatique dans les domaines alimentaire et sanitaire que le souci humanitaire pris en considération dans les résolutions du Conseil de sécurité apparaît dérisoire. Le présent ouvrage dresse un tableau de la situation humanitaire en Irak. Il s’attache à analyser la résolution 986 et en retrace l’actualité, de sa mise en œuvre jusqu’à aujourd’hui. Il s’interroge enfin sur le véritable débat qui entoure l’épineuse question de la réforme du régime des sanctions.