Chaque année, l'auteur, fils d'un tractionnaire au P.L.M., vivait intensément un très long périple, qui le ramenait vers le pays de ses ancêtres en Haute-Provence, grâce au "petit train" légendaire que, bien plus tard, la fantaisie populaire baptisera du nom charmant de "Train des Pignes".Jamais, avant Paul Cèze, on n'avait évoqué ainsi la laborieuse montée vers le Haut-Pays, le brinquebalement ferraillant du wagon, les interminables attentes dans l'ombre froide d'un quai de ces petites gares montagnardes, l'assaut des cols enneigés, et toutes ces manœuvres pour se délester d'un wagon, changer de locomotive, faire le plein d'eau.Sa passion ferroviaire, demeurée intacte depuis l'enfance, parvient même à nous intéresser au secret de la vapeur, à l'art de la chauffe ou à la science du régulateur.Puis, pour notre plus grand bonheur, la mémoire de l'auteur nous restitue les images engrangées depuis les années trente, et de ses pinceaux renaissent les paysages qui virent passer l'orgueilleux panache de fumée du "petit train". Et nous voici, comme par magie, devenus voyageurs de cette époque-là, remontant la ligne et le temps, jusqu'à ce jour d'automne 1994, où la nature en furie, emportant ponts et rails, faillit sonner le glas de cette ultime ligne subsistant de l'audacieux réseau du Sud-France, dont une partie est aujourd'hui effacée et bien oubliée.