L’audace aujourd’hui pourrait bien résider dans la simplicité. Celle du cœur, évidemment. Telle est l’audace propre à Jean Fournier, enfant de la Garonne, qui parle clair, avec la certitude tranquille que lui a donnée sa terre natale. Ni particularisme ni folklore, sur les rives de ce fleuve qui coule en lui, car la sagesse immémoriale ne s’enferme pas dans l’anecdote, même quand le poète se fait conteur. Les personnages qu’il évoque viennent d’un monde en voie de disparition bien au-delà du terroir que la Garonne irrigue. Et il les rend présents et proches par la limpidité même de l’écriture d’où la poésie s’élève sans recherche d’effets. Les mots inhabituels (pour nous) qu’il emploie, beaux et un peu mystérieux, appartiennent au vocabulaire des simples, simples plantes et simples gens, à l’usage de ceux qui ont l’expérience naturelle et qui la vivent - ou, comme Jean Fournier - savent la revivre.