"Il me reste à fermer les yeux et à me souvenir. J e n’ai pas le cœur à mettre de l’ordre, je préfère laisser les choses venir comme elles veulent, il me semble que c’est mieux ainsi. J’ai besoin de cette liberté, même si elle est confuse ou illusoire. De toute manière, ce livre est une nécessité, il était inévitable que je me laisse tenter par ceux dont le métier est de fabriquer des livres. Je me dis qu’après tout, il est peut-être préférable de donner à lire ce que j’avais mis de côté, mais que ma « Soupe » n’avait pu contenir, faute de temps, faute de place, faute d’opportunité. Oui, je crois que c’est mieux ainsi, c’est une façon de faire le ménage et de ne rien laisser derrière moi. Mon père, qui vivait dans l’idée quasi obsessionnelle du bien, me disait souvent : « Ce qui se donne fleurit, ce qui se garde pourrit. » Cette phrase m’a marquée dès mon plus jeune âge et j’ai toujours vécu, moi aussi, dans l’obsession de ce qui se garde et se perd." Découvrez tout l'univers d'Émilie Carles dans son autobiographie posthume.