Christine Kalonji, plus qu’un poème en prose, nous donne ici une nouvelle pleine de panique, d’une sensibilité intense. Sous l’espèce d’un homme souffrant d’une différence — ou d’une particularité physique — se joue devant nous le drame de la solitude, de l’impossibilité de communiquer. Pour cet homme, il y a « ça », qu’il porte entre les épaules, comme pour d’autres il y a d’autres condamnations. Mais le personnage en question cherche, cherche la source, il veut remonter aux essences qu’il sent en lui — à la Vie, qui combat peut-être tous les phantasmes. Mais un être tel que lui est-il jamais libre ? Ne reste-t-il pas éternellement victime du confluent de pensées, d’intuitions, d’illuminations, de doute, qu’il représente ? L’Homme suprême pourra-t-il l’aider ? Les autres passent, quand il se demande pourquoi est-ce à lui « qu’il est dévolu de souffrir sans comprendre » ? L’homme, en fin de compte, se retrouve plus néant que jamais, nourri de haine, bien qu’il semble continuer sa quête, sa recherche, sa vérité et celle d’autrui. De la douleur, risque de naître un rire ou un espoir.