Au XIXe siècle, le dévouement des populations maritimes pour sauver les navires en difficulté apparait contradictoire avec la persistance d’actes de pillage sur les épaves rejetées à la côte. Après avoir rappelé l’origine et les modalités de l’ancestral droit de bris qui codifiait la récolte des objets échoués sur le littoral, ce livre analyse comment l’émergence des stations de sauvetage, notamment celles de Roscoff et de l’île de Batz, a contribué à modifier le comportement des populations locales en valorisant l’estime personnelle à grand renfort de médailles et de prix de vertu. Confrontés à une mortalité massive liée aux activités maritimes dans un contexte de pénurie, l’exemple de l’île de Batz souligne la rudesse des conditions de vie de sa population qui pratiquait spontanément aide aux naufragés et nécessaire prédation sur les dons de la mer.L’analyse de sept naufrages emblématiques survenus entre 1817 et 1944 dans les parages de l’île de Batz permet de retracer l’évolution progressive des mentalités du peuple des rivages. De la curée prédatrice encore pratiquée à la chute du Premier Empire, l’organisation progressive du sauvetage par les pilotes et les canotiers institutionnels permet de promouvoir l’image du marin généreux qui devient un contremodèle aux pilleurs de bris.