Fièvre des polders, écrit en 1939, est le troisième roman d’Henri Calet. Dans la lignée de ses deux premières œuvres, La Belle Lurette et Le Mérinos, l’auteur nous livre d’une verve très audacieuse une chronique familiale incisive et amusée, confinée au périmètre d’un polder gagné sur l’eau d’un fleuve. Ses protagonistes y vivent ou y survivent, s’y lient ou s’y déchirent, fous ou malades de vivre dans cet étrange lieu d’eau, dépeints avec une férocité presque noire… Ici, comme Calet se plaisait à le dire, il dévoile « à ras d’homme » les tensions intérieures de ses personnages, dans un style vert et cynique, en des leitmotivs souvent apparentés à ceux de Céline. Parabole à mi-chemin entre la fiction et le récit d’expériences, Fièvre des polders est un roman habité, comme un trait d’union entre l’auteur et ceux qui y échouent. C’est le livre de son enfance, peut-être celui auquel il était le plus charnellement attaché.