Dans l'évolution actuelle du monde, l'ouverture des frontières, la mondialisation des échanges - parallèlement à la constitution de vastes espaces régionaux, en Europe, en Amérique, en Asie - posent de redoutables problèmes. À l'étude de quelques-uns d'entre eux, a été consacrée la quatrième Journée François Perroux.J. Lesoume aborde la question nouvelle de l'ouverture des échanges au niveau mondial, et de ses conséquences sur la réflexion théorique et les décisions politiques. MM. Destanne de Bernis et Messerlin, ainsi que MM. Barre et Frank, du GATT, présentent quelques commentaires concernant – notamment - la nécessité, dans ce contexte d'ouverture, de coordonner les politiques économiques et monétaires (P. Messerlin), qui doivent tenir compte de l'incertitude, qui accompagne leur mise en œuvre, ainsi que du rôle du temps, qui en modifie constamment les données (G. Destanne de Bernis) ; à l'intérieur même du processus de mondialisation, un phénomène de régionalisation autour de grands espaces organisés, se développe en Europe, en Amérique, en Asie, dont il importe de tenir compte dans les politiques concrètes (G. Destanne de Bernis). Les tensions qui se manifestent entre mondialisation et régionalisation, peuvent être porteuses de progrès, mais imposent à chaque pays, et donc à la France, des stratégies d'adaptation (R. Barre).Le professeur D. Dufourt, dans son exposé « De la politique commerciale stratégique au commerce organisé », analyse les effets de la mondialisation des échanges sur la répartition des revenus, à l'échelle mondiale comme à l'échelle nationale. Pour lui, le problème fondamental de l'institution d'un régime commercial international, et donc de la future « Organisation mondiale du commerce » (OMC), c'est de savoir de quelle façon on va prendre en compte - ou non - les effets du commerce sur la répartition des richesses. Aujourd'hui, il y a une crise de confiance généralisée dans l'efficacité du libre-échange à réaliser une répartition relativement équitable des revenus. Les États mettent en place des stratégies commerciales, qui incluent cette question. D. Dufourt analyse la portée de ces stratégies et leurs limites. Il évoque quelques-unes des voies nouvelles qui mériteraient d'être explorées.A. Frank, du GATT, rappelle les objectifs de cette organisation et les avantages d'un commerce multilatéral ouvert, assorti de règles du jeu suffisamment contraignantes pour assurer une certaine égalité des chances entre les partenaires. Le débat qui suit, porte sur les interactions entre libre-échange, crise économique, et conflits d'intérêts.G. Blardone relève une double contradiction - théorique et pratique - dans le discours libre-échangiste. Sur le plan théorique, on s'efforce d'expliquer - par une théorie simpliste et « caricaturale » - une réalité, que l'on décrit comme complexe. Sur le plan pratique, malgré cette complexité, on propose un remède magique, l'ouverture généralisée des frontières, assortie de quelques règles de bonne conduite sans sanction. Pour dépasser cette double contradiction, il suggère d'approfondir - en théorie et en pratique - la proposition de F. Perroux, de création de « zones d'échanges organisés », conciliant liberté et régulation d'une part, respect de l'originalité des partenaires d'autre part.En guise de conclusion, G. Destanne de Bernis, président de l'ISMEA, souhaite que théoriciens et praticiens s'efforcent - pour surmonter les incertitudes actuelles - « d'échapper aux réponses trop simples à des questions complexes », aussi bien en ce qui concerne les échanges mondiaux et la déréglementation des marchés, que le financement du développement, le choix des critères pour les futures négociations internationales, etc.