« Les bruits se sont tus, les arbres et la rivière dansaient dans une sorte de brouillard, il se tenait légèrement renversé, en appui sur son bras gauche, faisant de sa main droite des signes, des dessins sur la terre ; pendant que je creusais, je sentais son souffle dans mon cou, sur ma nuque ; j’ai levé les yeux vers lui, il a renversé la tête en arrière, comme pour jouer ou pour fuir, ne pas voir ou pour quoi il riait. Je ne bougeais plus ; lui, toujours en appui sur son bras gauche, a glissé sa main droite dans son maillot, recouvrant de celle-ci l’amas de son sexe ; le soleil partout, le ciel, et ce silence ; la sueur ruisselait de mes aisselles, il riait, sa main pétrissait son sexe qui se tendait à travers le maillot ; le soleil ; d’un geste je l’ai poussé en arrière, il est tombé allongé sur la terre, bras et jambes écartés, presque nu, allongé, il riait » Un village, l’été. La chaleur, une touffeur d’images et d’odeurs, traversées par les jeux de jeunes garçons au bord de la rivière. Bernard Desportes, dans une écriture ciselée, nous fait vivre une belle et tragique histoire d’amour.