En colère contre la dérive de son pays natal, le Québécois Guy Huppé fait ici une satire sociale et politique d’un état de fait. Pour lui, ses compatriotes « jouent au chat et à la souris avec leur identité ». Dans des vers d’un brio éblouissant, le poète insulte cette société « dressée » à la consommation, à la télévision et à la misère bien administrées, où il sait lire en filigrane « la grammaire des luttes de classe ». Cette colère est aussi un grand chant d’amour. Par un parallélisme naturel, d’autres poèmes dans En Neuve France s’adressent à la femme aimée entre toutes, ainsi qu’à des filles multiples. Le moteur érotique carbure bien. Le rut toutefois n’est qu’un premier stade. Par des biais béants, on voit la tendresse réclamer son dû, et la quête de l’amour unité répandre à la fois les couleurs de son amertume et celles de son espérance. N’oublions pas l’humour, indétachable de la personnalité singulière de ce nouveau poète de Montréal.