Le soliloque a une tradition perpétuée au cours des siècles, de l’incantation la plus douce à l’invocation la plus ardente. Parler seul est une célébration d’un partage manqué, les autres ne sont pas là, ils font défaut. C’est cependant leur absence qui permet le chant. NU est une supplique, un adagio proféré dans la nuit d’un cachot ou d’une loge, un homme emmuré dans son écho scande sa solitude. Encagé, il n’attend plus. Il tente sa chance comme d’autres se risquent, à apprivoiser le malheur. Les mots-chiens sont lâchés, le carnarge est toujours intime. Celui qui recueille les mots reçoit ainsi son dû : il tient tous les rôles, s’abuse, se noie. L’auteur, fait acteur pour une danse, dit sa chose : sans fard, sans remède et banalement cruel.