Jean Jérôme, tricard fraîchement sorti de la prison de Clairvaux, perd tous ses espoirs de liberté tranquille, quand il rencontre Benoît Auguste, ancien taulard tortionnaire qu’il abat avec haine, et dont il prend l’identité. Il nous entraîne alors avec un suspense haletant dans ces lieux réservés bordels, rues sombres ou troquets sordides. C’est dans ces tableaux humides, noirs mais vivants de quartiers choisis du Paris des années cinquante, que l’on croise sur un rythme hallucinant : truands, flics, trafiquants et putains. Trois écrivains de romans noirs ont su donner de Paris une image précise, crépusculaire, nocturne, telle que la ville était dans les années cinquante : Maurice Raphaël, Léo Malet et André Héléna, dont le retour prévu chez quelques éditeurs s’annonce aussi définitif que le retour en force d’Emmanuel Bove. Deux d’entre nos écrivains noirs ont débuté par des recueils de poèmes : Léo Malet et André Héléna, auteur également d’environ deux cents romans publiés sous différents pseudonymes et qui doit sa notoriété aux dix volumes édités sous le titre général de « Les Compagnons du destin », ainsi qu’à des romans noirs d’une exceptionnelle qualité. Publié en 1951, « Les héros s’en foutent » avec des accents à faire frémir décrit un monde que connaît bien André Héléna. Alfred Eibel.