12 000 comédiens exercent aujourd’hui leur art au théâtre, à la télévision, au cinéma, dans la publicité, à la radio, dans les studios de doublage et de synchro, mais aussi dans l’animation socioculturelle ou dans le monde scolaire. Ils étaient moitié moins nombreux il y a dix ans. Pour la première fois, une enquête sociologique auprès d’un millier de comédiens représentatifs de l’ensemble du groupe permet de connaître avec précision cette profession, ceux qui la pratiquent et les transformations qu’elle connaît actuellement. Sont ainsi explorés la formation des comédiens, l’accès aux emplois, les conditions et les relations de travail dans les différents secteurs d’activité, les satisfactions et les risques attachés à l’exercice d’un métier aussi attrayant qu’incertain, la variété des expériences de travail, les rouages de l’intermittence, les formes d’organisation collective de la profession, les singularités du mode de vie et les jeux de démultiplication identitaire dont les comédiens font métier. Ensemble, ces diverses dimensions conduisent à cerner, par-delà la variété des pratiques professionnelles et des trajectoires individuelles, toutes les ambivalences qui composent les séductions et les difficultés du métier d’acteur : atouts de la précocité et temps long de la maturation artistique, fréquence de la formation ou des multiformations initiales à l’art dramatique mais aussi prégnance de l’apprentissage sur le tas, croissance et diversification des secteurs d’emploi mais aussi hégémonie du théâtre, vigueur de l’individualisme artistique et force des valeurs communautaires ancrées dans la nature collective du travail, maillage de la décentralisation et poids de la concentration parisienne, inégalités extrêmes de réussite et commune ambition d’expression de soi dans le jeu et l’invention artistique. Cette recherche s’inscrit dans le programme d’études sur l’emploi du Département des études et de la prospective du ministère de la Culture et de la Communication.