Qu’il y ait des nègres en littérature, c’est un secret de Polichinelle. Qu’il y en ait, aussi, en politique, c’est presque un secret d’État ! Pourtant derrière les brillants orateurs qui alignent mots-clés et phrases chocs face aux micros et caméras, se dissimulent, presque toujours, des êtres sans nom et sans visage : universitaires (souvent), romanciers (parfois), humoristes (trop rarement), ils sont les véritables auteurs du discours politique d’aujourd’hui. Pour la première fois, trois jeunes journalistes ont décidé d’identifier ces « plumes de l’ombre ». Au terme d’une enquête tenace menée dans tous les hauts lieux de la politique française, à l’Élysée, à Matignon et dans tous les états-majors des partis, ils nous offrent quelques savoureuses surprises. Ainsi découvre-t-on que le très pudique Raymond Barre s’en est longtemps remis à l’imagination d’un certain… Casanova, que Charles Pasqua n’hésite pas à s’inspirer de la prose d’un étrange Basile de Koch. Et que Jean Marie Le Pen ô paradoxe ! a lui aussi un nègre qu’il héberge sous son propre toit ! Mitterrand et sa fameuse Lettre à tous les Français, Cresson et son fracassant « parler cru », Rocard, Chirac, Fabius, Mauroy et bien d’autres n’ont pas échappé à l’impertinence de nos enquêteurs. Qui sont même allés jusqu’à les confesser. Mais, en nous révélant les dessus dessous du discours politique, ce livre ne constitue pas seulement un étonnant florilège : il donne aussi à réfléchir sur la spontanéité et la sincérité des politiciens. Et sur la conception qu’ils ont de leurs rapports avec les citoyens. C’est-à-dire avec nous tous.