Parmi les images lointaines que l’homme garde confusément au plus profond de sa mémoire, le labyrinthe a de tout temps fasciné son imagination, tant par son ancienneté qu’à cause de son caractère mystérieux. On rencontre dès la Préhistoire son tracé immuable gravé dans la pierre sur le littoral, des Canaries à la Baltique. Et que ce soit en Europe, aux Indes, de la mer Blanche à l’Amérique, l’étrange figure obéit inexplicablement au même algorithme compliqué, impossible à reproduire sans en posséder la clé. Par quels étranges chemins celle-ci a-t-elle fait le tour du monde ? L’étymologie même du mot est déjà un mystère. Mais pourquoi lui chercher cent significations, contradictoires et parfois farfelues, alors que le terme grec veut tout simplement dire, et de manière combien évocatrice : la danse du poisson prisonnier de la nasse ? Quant au dessin du labyrinthe, est-il un repère ou le souvenir d’un instrument de navigation ? Retrace-t-il quelque antique périple maritime ou le voyage de l’âme vers un autre monde ? Est-ce un symbole de vie ou un symbole de mort ? Ou bien encore un simple divertissement de l’esprit ? Pour le comprendre, il fallait d’abord établir un inventaire détaillé de tous les labyrinthes connus en Occident comme ailleurs, avec leurs caractères propres, formes, dimensions et couleurs. Pratiquement, aucun ouvrage de vulgarisation n’avait été jusqu’ici consacré à cette troublante énigme. C’est chose faite. Un catalogue raisonné de près de 500 figures labyrinthiques accompagne cette étude fouillée que présente Paul de Saint-Hilaire, connu comme un spécialiste des grandes énigmes de l’Occident.