Au XVIe siècle, avec la même ferveur que dans le Nouveau Monde, trois cents ans plus tard, les monts Métallifères de Bohême furent le théâtre d’une course inattendue vers la richesse. Ce ne fut pas une « fièvre de l’or » mais une « ruée vers l’argent ». L’aventure de Joachimsthal mobilisa des mineurs et des ingénieurs, des théologiens et des médecins… Elle suscita l’intérêt jaloux des monarques et des banquiers. Car cette fièvre est à l’origine de la création d’une monnaie commune : le thaler d’argent. Et d’une étrange maladie… Avec cette saga de la « civilisation de l’argent », Philippe Flandrin fait surgir les figures des mutins du Batavia, le calvaire de Rimbaud au Harrar, rappelle les rivalités entre chrétienté et islam et les conflits du capitalisme naissant… Le thaler — d’où dérive le mot dollar —, qui s’imposera comme la valeur de référence du Saint-Empire germanique, conquiert les pays du Rhin, l’Autriche mais aussi la Pologne et la Scandinavie. Il devient, par le jeu des relations commerciales, la monnaie d’échange entre l’Europe et l’Empire ottoman, les Indes, puis l’Afrique et certains pays d’Orient. Une diffusion ininterrompue jusqu’à nos jours puisque, au début des années 1980, certains pays envisagèrent de lui faire rejouer un rôle monétaire majeur. Le thaler d’argent ? Une clé précieuse pour comprendre l’essor économique occidental.