Jacques Riboud ne croit pas que les Gouvernements de la Communauté, en admettant qu’ils se missent d’accord, réussissent à imposer l’Écu comme monnaie de réserve et de paiement pour les échanges avec l’extérieur. Le choix y est libre, il ne se portera sur une monnaie neuve, offerte, que si elle est meilleure que toutes les autres et si elle a été « promue ». Or l’Écu est une monnaie médiocre qui ne vaut ni le deutsche mark ni même d’autres monnaies ; et sa promotion commerciale n’a pas à sa disposition l’organisation monétaire qui convient. Jacques Riboud rappelle sa proposition d’une unité composite extra-nationale, qu’il appelle l’Eurostable, à la valeur invariable en pouvoir d’achat, propriété qu’aucune monnaie n’a jamais eue, pas même l’or. Il recommande que le lancement en soit confié à un Consortium privé de grandes eurobanques. C’est en effet dans ce territoire extra-national privilégié, où se situe l’euromarché, que la nouvelle unité trouvera à la fois l’emploi qui la justifie, les conditions de sa stabilité, et un dynamisme garanti par la perspective des profits considérables à attendre de l’entreprise. L’auteur de « Mécanique des Monnaies » renouvelle les démonstrations théoriques sur lesquelles se fonde cette proposition, en les développant afin de surmonter les réactions négatives que ne manque pas de provoquer un tel « jamais vu ». Il propose en même temps l’organisation comptable propre à assurer le fonctionnement du Consortium efficacement et avec un coût de réserves bancaires minimal. L’expérience doit permettre à la Communauté, le moment venu, d’officialiser la nouvelle monnaie, à la fois symbole prestigieux de son unité et instrument efficace de stabilisation. Tel est le projet, dit utopique, que cet ouvrage prétend réalisable, en en montrant les moyens.