Comment sombre-t-on dans la doltomania ? Au début, on jette un œilsur un article, sans y prendre garde, on bavarde avec une copine, on écoute une émission à la radio : un petit coup de Dolto par-ci, un petit coup par-là, et l’on s’imprègne doucement. Cette ivresse doltoïenne légère n’entraîne pas encore d’accoutumance. On se croit libre. On lève de plus en plus souvent le coude pour saisir un bouquin de Dolto : c’est le piège qui se referme. Puis, on se surprend à voir double. On regarde son gosse, et on imagine qu’ils sont deux : un dont on s’occupe, et l’autre que l’on étouffe, celui qui est devant soi et un autre derrière, la demande exprimée sous la demande muette. Enfin, il y a perte du sens de la réalité et délire hallucinatoire : on voit des enfants tout roses et des parents tout noirs : l’enfant de chair et de sang est totalement absorbé par l’enfant-Dolto. La conversation devient surréaliste. - Maman, j’ai envie de faire pipi. - Oui, je sais Charles-Édouard, maman a bien compris, tu es un garçon, comme papa et tu as un zizi, comme lui, on appelle ça un « pénis ». La maman, elle, à la place, elle a… - Tu me défais mes bretelles ? - Oui, maman veut bien t’aider à devenir un homme, grand et fort comme papa. - Vite c’est pressé ! - Maman a bien compris ce que tu veux lui dire, et elle est contente que tu veuilles grandir vite.