De la CFTC au Congrès de 1964 qui lui donne naissance, de mai 1968 à nos jours, la CFDT se caractérise par un itinéraire particulier et une place à part dans le système syndical français. Catholicisme social et humanisme chrétien, syndicalisme dans l’entreprise et autogestion, primat des luttes et planification démocratique, nouveau type de développement, dénonciation du corporatisme comme de tout totalitarisme, affirmation du pouvoir contractuel et du syndicalisme de régulation, construction d’un espace social européen : thèmes contradictoires, qui marquent l’évolution de la centrale. Originale par son histoire et par ses options, la CFDT l’est aussi par sa sociologie. Ancrée chez les employés, elle s’est ouverte aux ouvriers et techniciens puis aux cadres. Aujourd’hui la crise économique et les phénomènes complexes qui l’accompagnent secouent les bases sociales de l’organisation qui perd des adhérents et connaît des affrontements internes très vifs sur la réponse à apporter aux évolutions en cours. Adoptant une lecture historique de la réalité de la CFDT, cette synthèse, qui repose sur une documentation très dense et des entretiens originaux, refuse tout à la fois les anachronismes, les a priori officiels et la vulgate oppositionnelle.