Depuis près de vingt ans, la crise dure. Du fait de son ampleur et de ses enjeux, elle ne peut être comprise sans être replacée dans une perspective historique. C’est donc une fresque économique de longue période, reposant sur des données détaillées, que les trois auteurs nous proposent. Un rapprochement avec la crise des années 1930 et avec les modes de croissance antérieurs permet de bien dégager les ruptures et les mutations qui interviennent au cours d’une grande crise. Durant les années 1930, deux alternatives, le fordisme et le fascisme, se sont affrontées ; la première n’a pu s’affirmer et s’épanouir qu’au terme de multiples errements. Depuis la fin des années 1970 la convergence vers des formes de gestion plus libérales est nettement apparue : le monétarisme, le discours anti-étatiste, la déréglementation et la libéralisation financière, ont illustré cette tendance. Mais la vague libérale n’a pas été en mesure d’engendrer un nouveau mode de croissance cohérent au niveau national et, encore moins, au niveau mondial. La relance de la construction européenne par l’Acte unique, c’est-à-dire par le marché, et la perspective d’Union Monétaire, s’inscrivent dans cette logique.