Dans ce deuxième roman consacré à la grande île méditerranéenne dont elle est issue, Anne-Marie M. Sambroni poursuit passionnément sa quête de l’inconscient insulaire. C’est une femme encore qui, en sa pérégrination désespérée, y incarne les silences contradictoires de cette terre à la mémoire recomposée. Associée par le destin à l’épopée mystique des Giovannali - qu’il faut lire en filigrane dans ce livre -, la Malavoglia partagera le calvaire de ces hérétiques jusqu’à l’embrasement final. C’est dans ce climat de violence et de revendications sociales du Moyen Âge, dans cet univers de bûchers, de pestes et de famines, qu’il faut situer le personnage météorique de l’héroïne désespérée que l’on va découvrir en ces pages. La miraculeuse unité de ce livre tient à ce que l’auteur y compose sans cesse avec le non-dit - plus important sans nul doute que l’écume des choses -, contraignant le lecteur à reconstruire « l’histoire » simplement suggérée, alors qu’il est livré à une passionnante méditation sur l’essence même de la vie. Jacques Lovichi