« N’agis pas sans réfléchir. L’effort est la chance offerte à tous. » Monsieur Berco n’a cessé de bercer l’enfance de sa fille Caroline de cette maxime. N’est-ce pas en s’y tenant qu’il a fait le succès de la Grande Quincaillerie Moderne de Nantes ? Devenue adolescente, Caroline s’effraie. La vie, ce serait donc ça ? Elle fuit à Paris avec son amie Josette. L’apprentissage sera rude. Paris ne se conquiert pas comme dans les romans. Brouillée avec elle-même, avec ses origines, n’ayant pas d’envies, guère de désirs, ballottée par les uns et par les autres, Caroline laisse le plus souvent le hasard décider pour elle. Son image y aide. Jolie, séduisante, on l’aime, on la photographie. Elle devient mannequin dans une agence, sans qu’elle l’ait particulièrement voulu. Les hommes, l’argent, les amies, le travail, elle traverse la vie en étrangère. « En élégante », dirait Laure. « Avec le sourire », ajouterait papa Berco. Savoureuse chronique des années soixante, parfois mélancolique, souvent ironique, toujours juste et lucide, L’Arpenteuse confirme le talent très personnel de mémorialiste d’Émile Copfermann.