Dans le sillage de Maurice Blanchot et d’Edmond Jabès, Max Bilen apporte ici une importante contribution à la réflexion sur l’écriture. La « chose » littéraire est présentée comme une « traversée » initiatique qui va de l’acte d’écrire à la lecture. En s’instaurant écrivain, l’individu vit d’abord une expérience existentielle ; il devient terrain d’une métamorphose entraînant son lecteur au cœur d’une intemporalité qui les unit, ensemble, dans une même liberté. C’est à ce point-limite, démiurgie de la rencontre avec un absolu, que confluent nos mythes et nos fatalités. Alors s’effectue le travail du vide, de la béance, et de la mort, alchimie d’une renaissance à soi-même, transmuté par « l’Œuvre ». Et c’est là tout le sujet de l’écriture. Max Bilen conduit cette réflexion sur la fonction même de l’acte d’écrire au XXe siècle à travers un dialogue constant avec les œuvres de quelques grands auteurs comme Rilke, Mallarmé, Rimbaud, Valéry, Proust, Artaud... Un essai clair, sobre, documenté, qui résonne aussi comme une déclaration d’amour à la création en général, une méditation sur l’Art pris comme l’unique moyen d’atteindre au Sacré.