Du fond de sa cellule, un condamné à mort écrit les quelques pages qu’il souhaite laisser en témoignage. D’abord aux prises avec la justice des hommes, c’est aux lois de sa propre lucidité qu’il se soumet à présent. L’essentiel lui apparaît bientôt : cette prison de pierre où on l’a mis n’est rien. C’est à une autre cage qu’il réfléchit, plus profonde et plus obscure, dans laquelle s’enferment eux-mêmes ses frères humains, et qui est l’équivalent d’un « ajournement du bonheur », un « désaveu envers la terre qui porte les hommes ».Car ce roman allégorique, où résonne une voix intime, mais faisant alliance avec l’universel, est aussi une réflexion sur la place de l’homme dans le monde. C’est peut-être surtout, par l’évocation d’une certaine figure qui le traverse de bout en bout, une authentique histoire d’amour.Par le jeu de la fiction, Jean-François Beauchemin commet un crime grave qui le repousse dans ses derniers retranchements. Le lecteur, en quelque sorte invité à entrer dans l’esprit de l’auteur, partage avec lui le fruit de sa réflexion. Un livre d’une grande force, un trait de plus donné à l’étonnant portrait du genre humain patiemment élaboré depuis quelques années.