Michel Bernfeld nous donne une poésie inquiète et attachante, une poésie d’aguet, où il fait à la fois ses mises au point, décrit ses visions de Paris, d’Israël… ou approfondit ses hantises comme ses espoirs Parfois, lorsqu’il nous parle d’amour, ce poète a des accents aragoniens, et le thème l’inspire heureusement. Mais il pratique aussi, avec bonheur, le poème allégorique et capte, des romantiques allemands, des rayons irisés. Michel Bernfeld n’est évidemment pas étranger au drame de la douleur dans le monde, d’où qu’elle provienne (« Marszalkowska », « Dieu d’ébène », « Prière pour le Viêt Nam ») et continue d’éprouver la tragédie qui a marqué sa destinée. Couleur de nuit est le recueil d’un homme infiniment conscient du prix de l’existence et de tout ce qui la menace, après l’existence des camps de la mort. Il y a ici des cris d’une générosité qu’on n’oubliera pas facilement.