Dans ce recueil de nouvelles, Lyne Richard aborde une obsession qui lui est chère : l’eau. Une mer ici pleine de désespérance, remplie d’un siècle et demi de douleurs et d’amours naufragées. Divisées en deux parties, les «acteurs» et les «scènes», les vingt et une nouvelles qui composent ce recueil vous transportent dans un écosystème où les travers humains sont exacerbés par un habile chant choral aux accents poétiques. L’auteure sait résolument installer une atmosphère à la fois étonnante et inquiétante dans un lieu qui n’est pas sans rappeler le Griffin Creek d’Anne Hébert. Roses-sur-Mer est un bien étrange coin de pays. On pourrait même dire que cette petite localité en bordure de l’eau est un personnage en soi tant elle exerce une influence sur le comportement de ses résidents, estivants ou permanents. Selon la croyance populaire, on dit même que « la mer sort ses couteaux la nuit et vient trancher les cordes vocales de ceux qui n’ont plus assez de mots pour la douleur. » C’est donc dans ce terreau fertile en rebondissements que le lecteur fait la rencontre de personnages singuliers, à commencer par la figure emblématique de Rose, décédée mystérieusement en juillet 1846, et qui serait peut-être à l’origine de la malédiction. Pas de répit donc pour ces bonnes gens aux destins entrecroisés. Car qui dit petite ville dit aussi absence de vie privée…