Le mot et le concept d'État sont entrés en scène au XVIe siècle. Depuis lors, l'État, par ses axiomes de base et par sa construction institutionnelle, confère à la politique sa figure moderne. Il répond, en sa génération et en ses structures rationnelles, à l'idée d'une puissance souveraine qui trouve son expression dans une pyramide de normes juridiques et a pour finalité d'oeuvrer au bien commun.Inscrite dans l'historicité du monde, l'institution étatique est vouée, comme toute oeuvre humaine, à connaître des errements et à traverser des crises. Elle est ainsi le lieu de transformations qui remodèlent la silhouette qu'en avaient dessinée les grands siècles de la modernité. Mais ces métamorphoses ne sont pas le prélude à la « mort de l'État » annoncée par certaines philosophies contemporaines qui se disent « post-modernes ». S'il est vrai que, sur le plan interne comme sur le plan international, s'opère aujourd'hui un renouvellement de l'appareil juridique de la puissance d'État, ces mutations n'occultent pas la permanence de ses principes fondateurs.Entre l'anarchie de l'état de nature « sauvage et sans lois » et l'utopie de la communauté universelle d'un peuple d'anges, l'État, en obéissant à une Idée de la raison, demeure, par son appareil normatif, le garant de l'ordre public et de la liberté des citoyens.Simone Goyard-Fabre est professeur émérite de philosophie. Auteur de nombreux ouvrages de philosophie du droit et de philosophie politique, elle est co-directeur scientifique, à l'Institut Michel Villey de l'université de Paris-II, du Thesaurus de philosophie du droit.
La modernité politique ou la conscience de soi de l'État. Les structures fondamentales de l'État moderne. Les formes institutionnelles du pouvoir d'État. Le sens des effets constitutionnels dans l'État. Les crises de l'État moderne : des chemins de décadence ou les voies d'un renouveau ? Les crises juridico-politiques et l'État défiguré. Les métamorphoses de l'État moderne. Le renouvellement axiomatique de l'État présent.