Que font les éducateurs et à quoi servent-ils ne parviennent pas à instruire à intégrer ou à ramener dans la normalité ? Avide de réussite et inquiète face au présent, l’opinion publique réclame une éducation efficace et centrée sur des fins immédiates. Conscient de cette pression, mais aussi du danger qu’elle contient, cet essai prend le risque d’affirmer que le modèle de référence en éducation n’est pas dispositif imaginé par Jean-Jacques Rousseau, qui mène à la réussite d’Émile, mais les inventions tâtonnantes de Itard qui conduisent au « formidable échec » de l’éducation de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron. D’aucuns verront là une provocation. D’autres y trouveront la preuve d’un complot, mené par les pédagogues, afin de niveler l’éducation par le bas. Plus simplement, l’auteur fait de la rencontre avec l’enfant réel la condition nécessaire d’un engagement dans l’éducation Ce parti pris le conduit à dire que le matérialisme est le passage obligé vers l’adoption d’une posture pédagogique. Celui-ci n’est ni un athéisme ni une représentation totalisante de monde, mais une forme de pensée qui fait de l’homme le principe de sa propre illumination et l’accompagne sur le chemin d’une plus grande liberté.