Le Puy du Fou est un miracle permanent. Le miracle, c’est moins le prodigieux succès de son spectacle techniquement et esthétiquement parfait, comblant d’aise, chaque saison depuis 1978, des centaines de milliers de personnes accourues de partout, que la volonté sereine, le dévouement intact, l’enthousiasme contagieux des 1 350 bénévoles acharnés, depuis une douzaine de communes du Haut Bocage vendéen, à faire revivre un monument hier meurtri, aujourd’hui sauvé par l’Histoire. Là, en quelques années, un univers culturel paysan s’est non pas créé mais révélé. Une terminologie nouvelle est née : cinéscénie, puyfolais, etc. ; un pays surtout s’est « retrouvé » dont Hervé Louboutin, avec l’œil du brillant journaliste qu’il est. ici toutefois davantage acteur que témoin, s’est fait le héraut. Le tirage du premier livre, dans lequel il rappelait la genèse puis décrivait l’extraordinaire croissance du phénomène puyfolais, le Puy du Fou, un pays retrouvé, est épuisé. Tout en conservant l’essentiel d’un texte qui fut reçu par les Puyfolais et leurs amis comme une chronique chaleureuse et fidèle, Hervé Louboutin a enrichi ce second livre non seulement d’une illustration entièrement renouvelée manifestant mieux encore la dimension humaine de cette gigantesque entreprise, mais aussi d’un rappel d’événements récents actualisant son témoignage et d’une réflexion l’approfondissant. La préface de Louis Chevalier, l’éminent professeur du Collège de France, y figure toujours, mais en postface. Elle a laissé la place, au début du livre, au vibrant hommage de l’essayiste et romancier Michel Ragon, l’auteur de « L’accent de ma mère ». qui a ressenti le choc du Puy du Fou comme l’éclatante confirmation de ses racines paysannes et vendéennes, aujourd’hui sa principale source d’inspiration. Ainsi, « Jacques Maupillier. paysan de Vendée » est-il devenu l’ancêtre commun, le point de convergence d’esprits étonnamment divers, n’ayant jamais fini de se reconnaître au miroir de l’étang du Puy du Fou, l’incomparable scène où se déploie la fête estivale d’une culture dont les siècles n’auront pu altérer l’ardente et simple générosité. Jean Huguet