Il a dû falloir au poète (il, elle) une énergie patiente, une sauvage révolte toujours à l'affût, pour retourner à son « rectangle clair du papier qui la hèle, la hale (...) impérieux ». Il a dû y avoir l'évidence de l'inspiration, soudain douce et consolante, mais aussi le froid, le vide, également le harassement du quotidien. Mais tout est né, de ce que dictaient en poésie, les violences des éléments, le sang perdu, les cellules en combat, les petites morts et les rebonds.La fraternité de poètes de même parage a encouragé, renouvelé, établi ce besoin de louanger, constater, méditer. La dureté de la vie, l'évidence de certaines joies, ont développé ce qui existait déjà : un culte de la pudeur, de la mesure indispensable, si l'on veut que la référence à l'Universel soit durable. Le poète (il, elle) a écrit pour Autrui. Je suis autrui, conforté, et ma gratitude me poussera à dire ces poèmes, comme j'ai dit Éluard, Char, Follain, Cadou, Chedid, Reverdy et bien d'autres, pour améliorer un public concerné, le rendre plus fraternel. Je les dirai pour le « mieux vivre » de mes enfants (au nombre de cinq également). Je les dirai aussi pour les grands inconsolables. Espérant qu'ils méditeront d'une façon ou d'une autre : « que la mort n'aura pas eu le dernier mot ». Daniel Gélin.