C’est qu’Ysa Dedeau s’adresse directement à nos sens, et souvent aux plus enfouis, aux moins éprouvés, par ces temps qui ne courent plus guère. Au fil de ses mots, ce qu’Ysa nous tisse, c’est ce qu’on ne voulait plus, ou n’avait plus pu, ou plus su, depuis des lustres, voir. Ce qu’elle nous livre là, à voir, à sentir, ce sont des espèces de carnets de voyage, j’ai failli dire l’agrément du voyage, mais c’est plus grave que ça. Et en même temps si léger, par la grâce du style, et de la distance qu’a son œil, un peu décalé, ou au contraire, le nez collé dessus. En tout cas jamais détaché. Et c’est de toute façon un voyage en péniche, je le sens comme ça, tellement on a bien le temps de tout bien voir, tout sentir, creuser. Pas l’ombre d’une chance de ne pas, au fur et à mesure, se rendre compte. Jacques Serena