« Le KGB est brutal, mais la Stasi est parfaite » avait-on coutume de dire au temps de la guerre froide à propos de la célèbre police politique est-allemande. La Stasi, abréviation de « Ministerium für Staatsicherheit » (Ministère de la sécurité d’État), a été l’organe de lutte contre l’ennemi extérieur et intérieur de la République Démocratique Allemande pendant quarante années de domination communiste. En 1989, dès la chute de mur de Berlin et l’écroulement du régime d’Erich Honecker, des foules en colère ont envahi les locaux de la police politique à Berlin. L’ouverture des archives — plusieurs centaines de kilomètres de dossiers soigneusement répertoriés – provoqua un véritable choc : cet « État ouvrier et paysan » qu’avaient voulu construire les communistes allemands revenus d’exil en 1945 s’était peu à peu transformé en un empire de mouchards. Les méthodes sophistiquées, le mode de recrutement des agents et la mise sous surveillance généralisée d’une population de 16 millions d’habitants sont décrits ici, à partir des archives récemment découvertes et d’entretiens que les auteurs ont réalisés avec les victimes et les agents de la Stasi, mettant notamment en lumière les liens de cette organisation avec le terrorisme international ainsi que les aspects politiques et psychologiques du « syndrome Stasi » sur une Allemagne enquête d’une nouvelle identité.