La maltraitance : en l’espace de quelques années, ce néologisme s’est imposé au point de devenir un mot courant. Il n’est plus question de parler de l’enfant, de l’éducation, des rapports entre adultes et enfants sans l’évoquer. Est-ce à dire qu’il y aurait aujourd’hui plus d’enfants en danger qu’auparavant ? Ce n’est pas certain. Mais il y a bien un phénomène nouveau que le présent ouvrage explore. Le regard porté sur l’enfant et la famille s’est radicalement modifié. Un soupçon a priori pèse désormais sur les familles et plus largement sur tous les adultes en charge de l’enfant. La notion de maltraitance induit une continuité entre le mal-être de l’enfant et le danger, entre les contraintes inhérentes à toute éducation et la violence qui détruit et déstructure. Ainsi l’idée que l’enfance est une « espèce en danger » conduit à repenser à la fois les pratiques éducatives, la vie sociale des enfants mais aussi l’organisation de la vie familiale et son intimité. Les auteurs montrent ici que l’émergence de cette nouvelle catégorie « enfant maltraité » a des conséquences qui vont bien au-delà de la prise en compte de la souffrance individuelle : en jetant un éclairage nouveau sur l’enfant et sa famille, elle affecte le lien social et le savoir-vivre entre les générations.