Septembre 1942 - Prison de Fresnes. « Mes chères petites camarades […] depuis lundi 31 août que je suis séparée du monde normal, depuis vendredi 4 septembre que je suis séparée de maman, vous ne pouvez-vous imaginer comme j’ai envie de vous voir et d’être libre… » C’est en 1988 que j’ai lu pour la première fois les lettres de Louise Jacobson. Je devais être le premier à les lire depuis que leurs destinataires les avaient reçues, à l’exception de sa sœur Nadia. Comme dans les contes de fées, je me suis penché sur les cartes que, faute de papier, Louise remplissait par nécessité d’une écriture minuscule pour caser le plus de choses possible ; j’ai lu et j’ai été captivé par tant de vie et de personnalité. J’ai publié ces lettres, et voilà que Louise est sortie de ce long sommeil de quarante-cinq ans. La prisonnière de Fresnes et de Drancy, la suppliciée d’Auschwitz a pris son envol pour toujours ; elle dialogue avec chacun de ses innombrables lecteurs. Ses contemporains vieillissent ; ses copines ont depuis longtemps la carte vermeille ; Louise, assassinée, est restée jeune pour toujours, exemplaire et représentative de tous ceux qui avaient son âge et qui ont été assassinés comme elle. « Louise Jacobson est notre Anne Frank. » Serge Klarsfeld. Arrêtée comme juive, emprisonnée puis déportée, Louise Jacobson est morte dans les chambres à gaz d’Auschwitz.