Apparemment la cause est entendue : la lutte contre le chômage passe par le rétablissement de la croissance économique et, en attendant, par des actions préparatoires au retour à l’emploi (formation, action sociale). Pourtant, la reprise économique des années 1988-1989 en France, l’amplification des programmes d’insertion, n’ont eu que peu d’effets sur le processus d’exclusion économique d’une partie des chômeurs. Faut-il en déduire que le chômage d’exclusion devient un phénomène inéluctable ? Que d’autres voies d’intégration que celle de l’emploi seraient plus appropriées pour les chômeurs durablement écartés de la production ? L’auteur, montrant les limites et les menaces d’une telle perspective, se refuse à s’y résigner. Il réfute la thèse selon laquelle toute modernisation économique ne peut qu’engendrer l’exclusion des moins qualifiés. Analysant les marges de manœuvre de notre système productif d’une part, les caractéristiques des politiques d’insertion d’autre part, il plaide pour un ancrage de la lutte contre l’exclusion dans le monde économique, avec une forte médiation de l’État.