Dans un village angevin du Baugeois, au Mardi Gras de 1950, un sanglier a été tué. Un homme, un misérable ouvrier agricole, étranger de surcroît — il est breton — est accusé et devient ce que la presse, grande et petite, appelle encore de nos jours un « forcené ». Roman de la forêt et de la révolte primaire, Les gens de galerne est aussi la chronique d’un village, en ce milieu du siècle où nous hésitions entre la tradition rurale et les sollicitations du « progrès ». Le braconnier Picote, héros involontaire, s’il est l’héritier de Raboliot et Goupi-Mains-Rouges, braconne avant tout sur les terres d’une société aux intérêts mesquins, où la férocité des belles âmes et l’âpreté des « gagneurs » l’emportent déjà. Galerne désigne le vent, qu’il souffle du nord-ouest, du nord ou du nord-est, selon la région d’Anjou et de Bretagne méridionale d’où l’on parle. Naguère, les mariniers de Loire employaient ce terme pour nommer la rive droite du fleuve, par opposition avec la rive noble, la rive aquitaine.